25 avril 2024 - Rencontre administration centrale et services déconcentrés : comment mieux intégrer les données au service des politiques publiques ?

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Réussir vos partages de données hétérogènes : l’exemple des données agricoles

Données hétérogènes

Le mois de mars et le retour du soleil et du printemps nous ont donné envie de donner une tournure spéciale pour notre webinar du mois ! Nous avons abordé un sujet précis, celui de la valorisation de l’agriculture, des données agricoles et surtout des producteurs. 

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Le mois de mars et le retour du soleil et du printemps nous ont donné envie de donner une tournure spéciale pour notre webinar du mois ! Nous avons abordé un sujet précis, celui de la valorisation de l’agriculture, des données agricoles et surtout des producteurs. 

Ce sujet nous semblait particulièrement d’actualité compte tenu de la situation sanitaire toujours présente.

En effet, il est apparu que la crise a accentué les habitudes de consommation des Français qui sont plus enclins à se rapprocher des producteurs locaux à proximité de leur domicile. C’est ce que met en avant le dernier sondage Ipsos Global Advisor qui montre que 25% des français ont déclaré avoir eu davantage recours aux produits de consommation auprès de producteurs locaux depuis la crise, alors qu’ils n’étaient que 12% avant.

Pour évoquer ces enjeux, nous avons fait appel à deux de nos clients qui sont extrêmement engagés dans la mise en valeur de notre patrimoine agricole : le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, représenté par François Moreau, délégué ministériel au numérique, et à la donnée et une communauté d’agglomération, la Communauté Pays Basque, représentée par Marie Ducourau, cheffe de projet open data.

Ces deux organisations ont développé des portails dédiés à la valorisation de données agricoles et nous allons voir tout au long de cet article comment ces projets développent la visibilité, la compréhension et le développement des producteurs au sein d’un territoire.

Pour tous ceux qui préfèrent revivre le webinar, je vous invite à regarder la vidéo du webinar : « Comment rapprocher les citoyens des producteurs qui les entourent ? ».

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Que ce soit le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation ou la Communauté Pays Basque, ces deux organisations ont développé et lancé une plateforme en ligne sur les sujets de la valorisation des données agricoles.

Pour le Ministère, il s’agit de Frais et Local, déployée au niveau national et pour le Pays Basque, il s’agit de ZABAL .

Pour commencer nos échanges, il nous a semblé important de revenir avec Marie et François sur la genèse de leurs plateformes et surtout sur les objectifs liés à leur création.

L’idée d’une plateforme open data est née au Pays Basque en 2017 lors d’une consultation De l’ensemble des acteurs agricoles du Pays Basque sur la question de l’innovation au service de l’agriculture sur la question de l’innovation au service de l’agriculture, nous raconte Marie.

L’objectif principal était “d’accompagner les paysans pour piloter leurs exploitations, assurer un suivi précis des biens communs (pour éviter que l’agriculture perde du territoire), permettre le partage d’informations et garantir la maîtrise publique de la donnée”.

Avant la création de leur plateforme ZABAL, il n’y avait pas un seul endroit où toutes les données étaient référencées. Marie l’explique très bien : “le but est d’avoir un endroit où l’on pourrait trouver de la donnée brute sur l’agriculture du Pays Basque. Parce que si on regarde le Pays Basque ce n’est ni une région, ni un département, c’est 158 communes mais il n’y a pas de chiffre qui représente ce territoire.”

On le verra plus en détails dans la suite de cet article, mais au delà de rassembler des données, le portail a aussi une vocation de donner de la visibilité et d’augmenter la connaissance du territoire, d’aider à la prise de décision et d’oeuvrer pour valoriser la richesse et la diversité de ce patrimoine agricole.

Cette volonté de centraliser des informations, de mettre en valeur la richesse d’un territoire et de faciliter la recherche d’informations fait partie intégrante de la stratégie du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation pour la création de Frais et Local.

Comme le résume très bien Monsieur Moreau :

“le but est de donner aux français un accès le plus rapide possible aux producteurs proposant des produits en vente directe (à la ferme, dans des magasins de producteurs, commande par internet et livraison, …). Pour ce faire, nous avons créé une méta-plateforme (fraisetlocal) qui rassemble en un seul endroit toutes les plateformes - qui le souhaitent - déjà existantes sur la vente directe, un espace où tous les acteurs peuvent présenter leurs producteurs.”
François Moreau
Délégué ministériel au numérique, Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation

L’initiative a été réalisée en un temps record ! Elle correspond à un souhait fort du Ministre Julien Denormandie, lequel a estimé que le contexte que nous connaissons se traduisait par un point de bascule des habitudes de consommation des français, et qu’il était important de faciliter le développement d’une alimentation de qualité basée sur la proximité avec les producteurs.”

Le projet a été lancé fin novembre, “le développement et la personnalisation ont été réalisés en quinze jours de travail acharné de toutes les parties prenantes concernées. Cela nous a permis d’avoir une plateforme techniquement disponible le 18 décembre”.

Si les sujets de partage de données au sein des Ministères vous intéressent, je vous invite à lire cette interview de Gaylord Marchesseau : « Améliorer l’action publique grâce au partage de données : Le cas des Ministères« , notre Directeur Commercial dédié au Secteur Public.

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Partager des données nécessite d’avoir au préalable collecté ces données, mais aussi de s’être assuré de leur exhaustivité et de leur qualité. Dans le domaine de l’agriculture, cela nous a semblé une dimension riche en termes de sources mais sûrement complexe compte tenu de l’hétérogénéité de ces sources.

Quand on aborde le sujet de la collecte de la donnée avec Marie, sa réponse est très intéressante parce qu’elle illustre les besoins d’acculturation dont nous avons parlé dans le webinar du mois dernier.

Retrouver ici l’article et la vidéo du webinar sur les sujets de conduite du changement, d’acculturation et de gouvernance de la donnée.

Pour en revenir au cœur de notre sujet, Marie nous a expliqué que le plus gros défi réside, selon elle, dans le fait que les producteurs ne se rendent pas compte de la valeur de leurs données. Elle nous explique qu’ils se servent de la donnée à l’instant T sans observer l’évolution de la filière au fil des années. Mais « grâce à l’open data il est possible d’aller plus loin dans l’exploitation et l’interprétation des chiffres.”

Une de ses nombreuses missions a donc été de “les aider à prendre conscience que leurs données sont valorisables et que leurs usages augmentent leur valeur.”

Comment a-t-elle réussi un tel exploit ?

Marie indique s’adresser aux syndicats des producteurs et non aux producteurs en direct. En effet, ce sont les syndicats qui centralisent toutes les données. Pour les convaincre de partager leurs données, Marie leur “explique l’objectif, explore avec eux le type de données dont ils disposent et obtient leur autorisation pour les publier en open data via des observatoires.”

Ce n’est que la première partie du processus. En effet, Marie continue : “lorsque l’observatoire est finalisé, il est présenté aux syndicats et on échange avec eux sur comment en adapter la présentation pour mettre en valeur les données qui nous semblent à tous essentiels, qui permettent de comprendre leurs productions …”.

Cela rejoint ce que nous racontait Jérôme Guinle du Département des Hautes Pyrénées le mois dernier.

Le fait de montrer les usages et les applicatifs créés à partir des données récoltées permet de rendre tangible leur valeur et la pertinence de leur publication.

La collecte et la qualité des données ne sont pas des obstacles rencontrés par Monsieur Moreau lors de la création de Frais et Local.

Les données étaient hébergées au sein des plateformes partenaires qui en assurent la mise à jour et la réutilisation.

Toutefois, un travail de normalisation des informations a été nécessaire en amont du projet. Chaque plateforme dispose d’informations diverses sur leurs producteurs partenaires. Afin de permettre aux utilisateurs finaux (le grand public) de trouver les mêmes informations sur l’ensemble des points de vente directs recensés sur fraiselocal, Monsieur Moreau et l’équipe projet ont “défini un ensemble de données minimum qui permettaient de chercher un produit facilement (quel produit, quel type de point de vente, sa localisation). Cela nous a permis de définir un schéma de données qui prend la forme d’un fichier .csv, un modèle proposé à chaque nouvelle plateforme. Elles peuvent avoir un peu de travail de sémantique pour standardiser et uniformiser les données mais dans l’ensemble ce n’est pas le plus gros obstacle”.

Monsieur Moreau nous précise alors que le plus compliqué a été pour eux des questions juridiques quant à la mise en ligne et à la réutilisation des données présentées.

En effet, “pour les plateformes commerciales, le fait de mettre en ligne les données de leurs adhérents, cela ressemblait beaucoup à la publication de leurs fichiers clients. Il y a avait des craintes légitimes sur le fait de rendre leurs fichiers clients publics et que des concurrents puissent s’en servir.” Pour pallier cela, une des actions réalisées par le Ministère a été de construire les conditions générales d’utilisation des données en expliquant que les plateformes partenaires conservent tous les droits et en particulier les droits du producteur de base de données. Ce qui signifie que “les droits de réutilisation des données doivent être négociés avec chacune des plateformes partenaires, donc les plateformes garde le contrôle légal sur les données.”

Vous souhaitez en savoir un peu plus sur l’utilité et l’usage des licences ? Lisez la section « Choisir une licence de réutilisation » de notre livre blanc sur les métadonnées.

Et sur le sujet de la réutilisation de données, Marie nous a précisé que ZABAL utilisait aussi des données “officielles” disponibles en open data. Ces données sont celles fournies par le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, l’IGN, les stations météo … Ce qui est intéressant sur ce type de données, et comme l’a bien expliqué Marie, c’est que ce sont des données de référence, “on estime que la qualité de ces données est parfaite, la seule action menée est de filtrer les données sur le Pays Basque, ce qui rend le jeu de données beaucoup plus simple à comprendre et à utiliser.”

Si vous aussi vous recherchez des données en open data pour enrichir vos propres jeux de données, je vous propose de découvrir le Data Network Opendatasoft qui recense 22 000 jeux de données mis à disposition en open data et que vous pouvez réutiliser gratuitement.

Comme pour beaucoup de portails de données, les notions de collecte, structuration, normalisation, enrichissement et ré-utilisation sont au cœur de la stratégie et ont un impact sur le succès du projet.

Si vous souhaitez plus d’information le guide : lancer votre portail open data, ce guide pourra vous aider !

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Au moment où vous lisez cet article, vous devez vous dire que les deux portails doivent être très complexes compte tenu de la richesse, de la quantité et de l’hétérogénéité des informations récoltées.

C’est sûrement un des éléments les plus intéressants liés à ces deux projets : le travail de simplification de navigation et de recherche. ZABAL va encore plus loin en proposant des observatoires qui permettent d’avoir les clés de compréhension et de lecture des données partagées.

Un des objectifs de Frais et Local était sa simplicité d’utilisation. En effet, en tant que plateforme dédiée au grand public, il fallait permettre de trouver l’information recherchée de manière rapide et efficace.

Pour cela, la mise en place d’une catégorisation simple a été un élément clé. Compte tenu du fait que chaque plateforme avait sa propre nomenclature des produits ou de ses producteurs, Monsieur Moreau nous explique qu’il leur a fallu réaliser une “catégorisation à maille très large, et même si les plateformes ont des briques plus petites, une table de correspondances a été créée pour permettre d’harmoniser les catégories. L’internaute peut rechercher simplement des fruits et légumes mais il n’aura pas la possibilité de faire des recherches très précises comme rechercher des fraises de Plougastel.”

Afin de garantir un accès rapide aux informations recherchées, un vrai travail de simplification de la navigation a été également mis en place. Le site n’est composé que de 3 pages : un accueil, une page de recherches et une page de présentation des plateformes partenaires. Et pour permettre à tous d’accéder aux producteurs, le site est étudié pour être ergonomique via un ordinateur, un téléphone ou une tablette.

Cliquez ci-dessous pour découvrir Frais et Local :

Un travail similaire a été mis en place pour le développement de Zabal.

Vous devez être nombreux à vous demander pourquoi “ZABAL”, nous nous sommes posé la question également. La réponse permet de comprendre les ambitions du portail : en effet,  ZABAL en basque signifie “étendue”, “ouverture aux autres” et cela a été aux fondements de la conception de la plateforme.

Comme nous le rappelle Marie, le Pays Basque dispose d’une agriculture très vivante, très diversifiée et riche de petites exploitations. Son autre spécificité de cette agriculture est l’abondance de produits à forte image comme le piment d’espelette, le fromage Ossau Iraty …

Lorsque vous vous connectez sur le site, la barre de recherche très simple vous permet de cibler facilement ce que vous recherchez.

Marie nous a montré l’observatoire sur les jeux de données de la filière du piment d’Espelette, qu’elle a construit avec l’aide du syndicat du piment d’Espelette AOP. Les informations présentées sont nettoyées et structurées et la création de l’observatoire propose “une première couche d’interprétation des données”.

On y retrouve l’histoire du piment, une carte des implantations des cultures, les filières AOP, AOC … Cela permet à la filière de se rendre compte de l’évolution de ses producteurs. Marie ajoute qu’ils ont pu créer une carte de toutes les parcelles liées à cette culture alors qu’ils ne disposaient pas de cette information avant la création du portail open data.

 

Il transparaît vraiment au travers de ces deux témoignages qu’il est important d’avoir une réflexion sur comment rendre les données accessibles et facilement compréhensibles avant de se lancer dans l’ouverture d’un portail de données.

Les bonnes pratiques partagées par Marie et Monsieur Moreau pourront vous accompagner dans la réalisation de vos projets et vous aider à surmonter les difficultés rencontrées (s’appuyer sur un cadre juridique et convaincre les producteurs de l’intérêt de faire circuler les données ou faire un vrai travail d’acculturation et de structuration à la donnée en amont et en parallèle de la réalisation de vos projets).

Si vous souhaitez découvrir d’autres exemples de comment utiliser les données dans l’agriculture, je vous invite à lire cet article.

Et si vous souhaitez approfondir la connaissance des projets Fraisetlocal et ZABAL, n’hésitez pas à revoir le webinar.

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