25 avril 2024 - Rencontre administration centrale et services déconcentrés : comment mieux intégrer les données au service des politiques publiques ?

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Transformation numérique

5 façons d’utiliser l’open data dans l’agriculture

5 ways to use open data in agriculture

Avez-vous déjà envisagé d'utiliser l'open data dans le secteur de l'alimentation et l'agriculture ? Embarquons dans un voyage autour du monde à la découverte de projets agricoles pilotés par les données. Vous trouverez surprenants les usages qui sont faits des données dans la chaîne de valeur agricole, de la ferme à l'assiette.

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Elle porte de nombreux noms : agriculture intelligente, e-agriculture, agriculture numérique, agriculture 4.0 (bientôt 5.0 !)… Mais au bout du compte, tous ces termes font référence au même concept : l’agriculture pilotée par les données. Dépoussiérez vos vieux stéréotypes sur l’agriculture low-tech : aujourd’hui, les agriculteurs s’appuient sur les données tout au long du processus de culture, de l’achat des terres à la commercialisation, en passant par la plantation et la récolte.

Les données géo-spatiales, par exemple, permettent aux agriculteurs de repérer les parcelles les plus fertiles et de répandre les pesticides de manière sélective, tandis que les données météorologiques et tarifaires les aident à choisir les cultures les plus rentables à planter au cours d’une saison donnée. De même, les données sur les sols éclairent les décisions sur le type et la quantité d’engrais à utiliser, et les données fournies par les capteurs permettent de surveiller la croissance et la santé des plantes et du bétail. Enfin, les données sur les denrées alimentaires assurent la traçabilité des produits, de la ferme à l’assiette.

L’open data s’inscrit dans cette tendance plus générale et on constate d’ailleurs que les jeux de données relatifs à l’agriculture deviennent de plus en plus courants sur les portails open data nationaux. L’Argentine, par exemple, publie des données sur tout ce qui a trait à ce secteur, de la production de viande à la consommation de biomasse, en passant par l’incidence de la sécheresse. De son côté, l’Inde fournit des données sur les programmes de soutien aux producteurs, les demandes des agriculteurs aux centres d’appel et l’état du financement des projets de recherche. Quant au Botswana, il met à la disposition du public des statistiques sur les terres arables, la consommation d’engrais et le commerce de pesticides.

Quels sont donc les cas d’utilisation de l’open data dans l’agriculture ? Découvrons-les à travers 5 exemples tirés des quatre coins du monde.

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Alors que la pandémie de Covid-19 met en évidence la fragilité des chaînes d’approvisionnement internationales, la France a trouvé le moyen de stimuler la consommation nationale tout en faisant la promotion d’un mode de vie plus sain et responsable. Le site Frais et Local est un portail open data qui aide les consommateurs à trouver les producteurs les plus proches de chez eux afin de s’approvisionner par exemple en fruits, légumes, viande, poisson, produits laitiers, jus et boissons alcoolisées, partout en France et dans les territoires d’outre-mer. Les utilisateurs peuvent effectuer une recherche par produit, par type de point de vente (ferme, marché, magasin, site web) ou par partenaire et faire leur choix parmi plus de 8 000 producteurs d’un simple clic.

Des initiatives similaires existent également au niveau local. Le département de la Haute-Garonne, dans le sud-ouest, a récemment inauguré DirectFermiers31, une plateforme open data qui rassemble les coordonnées de plus de 300 producteurs directs et plus de 600 points de vente à Toulouse. Le portail permet d’effectuer des recherches très précises grâce à des filtres avancés comme les « labels de qualité » (IGP, AOP, etc.) et les « options de distribution » (livraison, drive-in, marché… et même cueillette manuelle !).

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L’obésité et autres troubles nutritionnels sont depuis longtemps un problème de santé publique majeur aux États-Unis. Pour y remédier, le Ministère de l’agriculture américain (USDA) collecte des données nutritionnelles sur les aliments bruts, transformés et même expérimentaux, et les met gratuitement à disposition pour permettre leur réemploi par le biais d’une plateforme centralisée. Ainsi, FoodData Central fournit aux chercheurs, aux décideurs politiques, aux nutritionnistes et aux professionnels de la santé des données ouvertes sur tous les aliments, du brocoli aux lasagnes, ainsi que des API permettant d’intégrer ces données dans des applications tierces.

Parmi ces applications, citons plus particulièrement MyPlate. Développée par l’USDA, MyPlate aide les utilisateurs à suivre les Recommandations diététiques pour les Américains 2020-2025 en leur proposant un plan alimentaire personnalisé et des mesures d’incitation pour s’y tenir. Le plan personnalisé tient compte de facteurs tels que l’âge, le sexe, la taille, le poids et le niveau d’activité physique de l’utilisateur, tout en l’encourageant grâce à des alertes, des objectifs quotidiens, des défis et des prix virtuels, ainsi qu’une vaste liste de recettes personnalisables.

Nutritionix est une autre application populaire. Au départ basée uniquement sur les données ouvertes de l’USDA, Nutritionix a fait décoller sa rentabilité en intégrant des bases de données externes, comme les menus des restaurants et des recettes populaires. Saluée par les personnes qui tentent de perdre du poids, Nutritionix permet de calculer l’apport calorique quotidien recommandé, de suivre la consommation alimentaire, de partager son journal alimentaire avec un entraîneur ou un diététicien accrédité et de consulter les données nutritionnelles de près d’un million d’aliments. Ne vous laissez pas impressionner par la taille de la base de données : on peut facilement y naviguer en tapant le nom du repas, en scannant un code QR ou simplement en utilisant l’assistant virtuel de l’application.

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Manger sainement ne consiste pas seulement à ajouter plus de légumes à son alimentation et contrôler le nombre de calories. Il s’agit également de consommer des produits qui ne présentent pas de risques biologiques (maladies d’origine alimentaire et animale comme la salmonelle ou la grippe porcine), ne contiennent pas de résidus chimiques (comme des pesticides ou médicaments vétérinaires) et ne sont pas contaminés par des substances naturelles ou artificielles (comme le plomb ou des additifs alimentaires illégaux). En bref, manger sans risque est la première étape d’une alimentation saine.

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a pour mission de veiller à ce que les aliments que vous mangez répondent à des normes strictes de qualité et de sûreté. Ce qui nous amène à la partie intéressante : pour réaliser ses évaluations des risques en matière de sûreté des denrées alimentaires et des aliments pour animaux, l’EFSA procède à une sorte « d’ouverture des données inversée ». En effet, au lieu de se contenter de publier des informations sur le portail open data de l’UE, l’agence invite tous les internautes à importer des preuves, des outils, des documents et toute autre ressource pertinente pour appuyer les enquêtes de l’EFSA sur la sûreté des denrées alimentaires et des aliments pour animaux.

Pour partager des données avec l’agence, il suffit de s’inscrire sur Knowledge Junction, une communauté appartenant à la plateforme scientifique ouverte du CERN, Zenodo. Le matériel (jeux de données, résultats de laboratoire, code, protocoles, articles scientifiques… bref, toutes les ressources imaginables !) est alors soumis à un contrôle de qualité standardisé et… mission accomplie ! Les données deviennent librement accessibles non seulement pour l’EFSA, mais aussi pour toute autre personne travaillant sur la sûreté des denrées alimentaires et des aliments pour animaux.

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Non, nous ne radotons pas : la sécurité alimentaire et la sûreté des aliments sont deux concepts bien différents. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la sécurité alimentaire existe dès lors que tous les citoyens ont la possibilité, à tout moment, de se procurer physiquement et économiquement une nourriture suffisante, saine et nutritive. Cela peut représenter un défi dans des régions comme l’Afrique subsaharienne, où les difficultés économiques, le changement climatique, les conflits et la forte croissance démographique peuvent rapidement entraîner des pénuries alimentaires. Le portail de la sécurité alimentaire vise à prévenir ce type de crise.

Géré par l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) et financé par la Commission européenne, le portail de la sécurité alimentaire informe les agriculteurs, les commerçants et les décideurs politiques au sujet du niveau de production quotidien et du prix des produits agricoles, et émet des alertes lorsque leur volatilité atteint des niveaux inquiétants. La plateforme surveille les produits de base tels que le maïs, le riz, le soja et le cacao, et met gratuitement à disposition plus de 12 000 jeux de données sur la variabilité des prix, l’analyse des médias et d’autres indicateurs de sécurité alimentaire, afin de favoriser leur réemploi.

Bien évidemment, l’ouverture des données agricoles ne suffit pas à elle seule à éradiquer l’insécurité alimentaire. C’est pourquoi l’initiative Global Open Data for Agriculture and Nutrition (GODAN) aide les acteurs du Sud global à comprendre et réutiliser les données, à identifier des cas d’utilisation significatifs et à établir des feuilles de route pour les mettre en œuvre. GODAN fournit également des méthodes, des outils et des formations pour accroître la fourniture, la qualité et l’interopérabilité des données, facilite la coordination entre les projets existants et s’engage dans un plaidoyer de haut niveau pour obtenir un soutien institutionnel public et privé en faveur de l’open data.

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La tension entre le bien public et les intérêts privés représente généralement l’un des plus grands obstacles à l’adoption massive de l’open data dans l’agriculture. Pourtant, il existe peut-être déjà une solution : WAGRI, la plateforme japonaise de collaboration sur les données agricoles. Nommée d’après les mots wa (« harmonie » en japonais) et agri (pour « agriculture »), la WAGRI vise à unifier les formats de données utilisés dans le secteur agricole afin de faciliter le partage de données entre les agriculteurs, les entreprises agricoles, les fournisseurs de logiciels et les fabricants d’équipements.

Cette plateforme présente une grande particularité, à savoir qu’outre les données ouvertes, les outils et les API fournies gratuitement par le Ministère de l’agriculture et l’Organisation nationale de recherche agricole (NARO), la WAGRI met également à disposition les données et logiciels de sociétés privées moyennant une redevance. Par exemple, parmi les services proposés par le NARO figure l’outil de prédiction « Growth and Yield » (Croissance et rendement). Autre exemple de logiciel privé, l’application « GeoMation Agriculture Support » de Hitachi facilite la gestion des sols. Les futures applications pourraient inclure un outil de diagnostic des parasites et des maladies par IA et une API universelle compatible avec les données d’équipement de différents fournisseurs.

Grâce à sa capacité à aligner les intérêts publics et privés, à développer un modèle commercial durable et à fournir constamment de nouveaux outils numériques pertinents pour le travail quotidien des agriculteurs, la WAGRI pourrait servir d’exemple à d’autres initiatives de collaboration en matière de données, comme le futur Espace européen commun de données agricoles.

En résumé, les données sont essentielles pour accroître la productivité, la rentabilité et la durabilité de l’agriculture, mais leur impact est limité lorsqu’elles restent cloisonnées dans différentes organisations. L’ouverture des données agricoles nous permet de trouver de nouvelles synergies entre les nombreuses parties prenantes de la chaîne alimentaire et, plus important encore, de contribuer à la construction de sociétés plus saines, plus sûres et plus sécurisées sur le plan alimentaire.

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